Moka Only a l’air d’être un touche à tout… ce propos est bien illustré sur la pochette de son album, Londown Suite, où on le voit souffler dans une trompette, entouré de claviers, de machines et de micros, il a l’air de les toucher tous. D’ailleurs, c’est lui qui produit 99 % de cet album, c’est quasi un « seul en scène », seul un featuring sur la dernière face de l’album avec Ishkan. Le 1 % restant est co-produit avec Chin Injelli 😉
Moka Only rap, chante, produit… en plus de ce que nous apprenons tous à faire ici, sur cette terre, vivre & mourir… Sorti en 2003, le disque commence avec une ballade, les beats éclatent comme des bulles, tout ça sous le soleil de la côte ouest, des rayons qui vous mettent bien, toutes les conditions sont bien là, réunies, de quoi fondre sous la musique qui ondule, le corps s’anime au rythme des « poum tchack » qui prennent de l’emphase, l’envie et le désir se dilatent sous la chaleur, les beats rebondissent comme dans des prods de Detroit (Slum Village) ou de L.A (Madlib…).
Moka Only expérimente et joue avec ses machines, malaxe le beat avec ses mots… Yo ! Get Up, You don’t Stop ! Ça groove, c’est comme si les claps ou peut-être bien carrément la banque de sons dans laquelle il a piochée paraissait sortir de l’univers de J. Dilla ou encore de Madlib. A la première écoute, j’avoue, j’ai été un peu rebuté par les chants des deux premiers morceaux puis, j’ai fini par lâcher prise et apprécier le chemin chantonnant emprunté par Moka Only.
Ce disque a une histoire, je l’ai lorgné à l’époque de sa sortie, dans les années 2000… Je suis passé à côté et le temps nous a éloigné jusqu’à ce que je le vois, en occasion, chez Besides Records vers la fin des années 2010.
Par ici le Moka Only que j’ai certainement écouté tout de suite après et, finalement, rangé très vite après. Pour tout vous dire, j’aurais été incapable de vous en décrire le contenu avant que je le ressorte tout récemment. Vous savez quoi, la vérité c’est que je l’ai ressorti en me disant, Hmmm… jpourrais ptêtre bien le vendre, non ? Quel paradoxe et aussi quelle bêtise car je me serai privé d’un disque que je peux aujourd’hui recommander, Com’on & Clap You Hands, Yeah !
J’écris, j’écris, des mots s’alignent et rien ou très peu ne filtre de cette musique qui a le pouvoir de vous envelopper de ses effluves funky. Les basses sont bien FAT et claires à la fois, réconfortantes comme des popcorns qui éclatent au fond de la poêle, les notes de synthé font leur petit effet, les mélodies composées donnent du groove, le chaloupé du beat emporte tout sur son passage et les breaks n’en finissent plus de faire onduler l’auditeur. Encore une fois, les sons vont, me semble-t-il, paraître familiers auprès des oreilles touchées par la grâce des productions de J. Dilla sur Fantastic Volume II de Slum Village sorti en 1998. Ce que livre Moka Only n’est pas du tout comparable au travail de J. Dilla mais disons que ce qu’il a créé avec Londown Suite est fort inspiré de l’univers musical du Maître.
Quand j’y pense, c’est toute une dynamique que de ressortir un disque, ça permet de se reconnecter avec d’autres artistes, d’aller les rechercher, de les retrouver avant de les partager. Tiens, ce serait quoi le prochain, hein… ? Quand je fais tourner un disque, la musique commence à remplir l’espace vide de la pièce ; J’imagine parfois qu’une fois sur la platine, le vinyl revit, le contact du diamant fait comme un électrochoc, boum bam boum, tout ce qu’il contient alors s’échappe, c’est que du bonheur pour ldisque et l’auditeur, les sons se libèrent, se dispersent dans l’air et s’emplissent de musique, nous sommes enfin comblés !
JiTy