Qui se souvient de Jazz Fudge ? Ce label anglais fondé en 1994 par Dj Vadim et qui cessa ses activités en 2004… C’est sur ce label que le groupe Swollen Members sortit en 1999 son premier album, Balance ! Formé autour de deux rappeurs, MadChild et Prevail, ce groupe originaire du Canada arbore un logo sur lequel figurent 3 personnes assises… mais alors qui peut bien être cette troisième personne ? il se pourrait que cela soit Moka Only qui a fait parti du groupe à ses débuts… Mais le mystère demeure, car il n’apparaît pas du tout sur cet album…
Au rendez-vous sur celui ci, beaucoup d’artistes issus principalement de la côte ouest des usa. Je pense, car je ne me souviens plus très bien, que c’est ce qui aiguisa en premier lieu ma curiosité pour ce groupe canadien, à savoir la présence d’artistes comme Evidence, Del, Iriscience, The Alchemist ou encore Joey Chavez… Si ces noms vous parlent, vous savez d’entrée de quoi il est question avec ce groupe, de hip hop sans concession vis à vis du commercial : des instrus qui claquent, des scratchs qui chamboulent tout, des mélodies qui transportent… les flows s’accélèrent ou ralentissent, c’est selon la cadence du beat qu’il convient d’épouser, de pousser ou de retenir, les titres enchaînent les styles et les bpm sur lesquels les rappeurs déroulent leurs lyrics, c’est efficace comme des séquences de phrases scratchées qui remplacent les traditionnels refrains qui n’existent ici pour ainsi dire pas. Le combo “voix / beat / mélodie” fait le taf sur presque chacun des 20 titres de ce album. Du côté de la musique, je vous livre mes coups de cœur... “My Advice” pour son côté conscious, “Strenght” et “commited” pour leur côté street, “Left Final” et “counter Parts” pour leur côté alternatif, “Bottle Rocket” pour son côté décontracté et enfin, “Forceful” pour son côté cosmique…
Ces deux lascars ont quand même réalisé 9 albums ; j’ai pu mettre la main sur deux d’entre eux et c’est à partir de là que la hache du logo de Battle Axe allait se graver dans ma rétine. Leur deuxième album, sortie en 2001, s’appelle Bad Dreams ! Cet opus creuse le sillon de ce qu’ils ont créé avec Balance, à savoir des collaborations avec les artistes us en vogue de l’époque… Evidence, The Alchemist, Joey Chavez ainsi que Chali 2na, Dj Revolution, Moka Only, Buc Fifty… L’album commence fort avec “Killing Spree”, le beat est rapide et la mélodie entraînante. La suite continue avec la patte caractéristique du producteur Evidence, membre du groupe Dilated peoples, avec “Full Contact” les Swollen Members s’ouvrent sur le monde.
La connexion entre le Canada et la côte ouest est parfaite, ils ont trouvé les bons contacts 😉 Ce titre déchire notamment grâce au couplet de Chali 2na. Madchild, de sa voix nasillarde, et Prevail, à la voix plus chaude, sont un duo qui fonctionne bien, il réussit à tenir notre attention sur les différentes instrus qui se présentent à eux. A ce sujet, la prod d’Alchemist, « Bad Dreams », permet aux deux lyricistes de dérouler leur art du storytelling, plusieurs couches de mélodies les soutiennent : 3 notes de piano qui se répètent, la basse dans le fond, de la pluie et de l’orage, des bruits d’ambiance… Avec “Camouflage”, la tension monte, ils sont en mission pour le compte du Hip Hop et les cuts de Dj Revolution sont là pour nous rappeler qu’ils sont en mode Military Minded ! Ca enchaîne avec Buc Fifty en invité sur “Poker Face” qui assène ses rimes comme des coups droits. Quel plaisir d’entendre Planet ASia sur “Total Package”, mêler sa voix à cette ligne de basse mythique, aux cuts de Dj Revolution et à ce klaxon en arrière plan qui me fait trop penser à celui dans le titre d’Estee NAck, “Nackmancoletrane”. un nouveau venu sur cet album est Rob The Viking, dont les productions sont mélodieuses, celle de “Burns and Scars” est bien dimensionnée pour la voix de Son Doobie.
Pour finir, je vais conclure cet album avec le tonitruant “Ventilate”, produit par Joey Chavez qui accroche avec une simple boucle tournant sur deux notes. Parmi les 18 titres qui composent cet album, le seul que je n’ai pas accroché est Snake Bite…
Comme ils aiment à le dire, pas mal de morceaux représentent une Perfect Combination, c’est énergique et, à l’occasion de ces réécoutes (pour les besoins de cette chronique), j’ai trouvé que Madchild et Prevail avaient un petit quelque chose d’Evidence et d’Iriscience.
Je vous propose un terme pour résumer leur direction artistique, c’est du Triple H, comprenez pour les Hip Hop Headz !
Jity